Le respect
Voici une poète de Valence, de France (pas loin de Lyon) dont le blaze est Slamaterrienne ou Véronique pour les plus intimes ;-). Elle a la poésie dans la peau. Elle écrit pas mal de trucs. Elle édite un site consacré au "slam" ainsi qu'un blog.
Elle anime des scènes de poésie dans sa région, organise des ateliers d'écriture... Bref, la dame est active. Voici un poème de son cru, "Respect", un brin vindicatif, mais elle a raison : faudrait pas se laisser emmerder !----
Montre leur le chemin
On est content de le voir mais on le croise pas souvent
On le cherche car souvent il fuit le vent
Mais toutes les directions nous ramènent à lui
Il semblait être l’essence même de la vie
Il aspire à donner un sens à ma vie
Il équilibre mes relations avec l’autre
Il n’arrive pas à prendre sa place auprès de certains apôtres
Il a du mal à s’imposer comme une évidence
Malheureusement trop souvent il y a déviance
Beaucoup l’extermine, le foudroie, le banalise et l’oublie
D’autre le chérisse, le vénère, l’entretienne et le préserve
On ne peut pas le planquer dans un grenier
Ni même le ranger dans la réserve
On ne peut pas lui claquer le porte au nez
Sans demander au peuple qu’il le préserve
Ça signifierait que l’on ne croit plus en l’humanité
On ne peut pas l’oublier à tout jamais
On finirait tous à plat ventre sur le bitume
En attendant patiemment qu’il nous fume
Quel triste spectacle lié à notre ignorance
Habillé de notre indifférence, fardé de nos déviances
Poudré de nos différences, chaussé de notre intolérance
Demandons lui de nous redonner naissance
Accordons lui quelques bienveillances
Faudrait pouvoir le rendre indispensable
Malheureusement à la récitation des fables
Une interminable liste de passable
Faudra décommander le marchand de sable
Pour l’instant nous sommes sur des sièges éjectables
Ses positions, sa solidité, ses vérités sont irrévocables
Il a une fâcheuse tendance à paniquer les notables
Tu sais les mecs qui ont de beaux cartables
Et des cols de chemise interminables
On l’entend plus quand on passe à table
Ce silence qui s’impose est insupportable
Il en impose c’est certain mais c’est jouable
Je voudrais le présenter aux jeunes d’aujourd’hui
Leur parler de tout ceux qui l’on détruit
Parce que tout simplement ils n’ont pas appris
Au milieu des montagnes d’ennuis et de mépris
Je voudrais l’imposer aux hommes politiques
Histoire qu’ils apportent quelques modifications à leurs répliques
Les inviter ce dimanche à se joindre au pique nique
Les présenter à celui qui ne leur fera jamais la nique
Ainsi qu’à tout ces enfants de la République
Je voudrais le projeter sur un écran géant
Vous le présenter humblement de son vivant
Regardez le il est droit devant fier comme Artaban
Rendons lui hommage en le saluant, en le remerciant
De nous éviter d’être con trop souvent
Et de nous ramener à la raison en esquivant le vent
Je voudrais le faire grimper au sommet
Histoire de vivre une leçon collective de l’art d’aimer
La première fois que je l’ai croisé
Il portait une chemise froissé
Avec un long col écrasé
La deuxième fois que je l’ai croisé
Il portait une jupe plissée
Et une paire de pompes tressées
Souvent il a des couleurs variés
Quelques origines dénigrées
Des odeurs que j’ai oublié
Des valeurs que je partage
Pour continuer à tourner les pages
Je ne manque pas de lui rendre hommage
En lui permettant de ne pas redescendre de son nuage
Une valeur perdue que je souhaite m’approprier
Pour qu’ensuite ensemble nous puissions la partager
Nos administrations l’ont écrasés
Les pouvoirs publics l’ont carrément bafoués
Les institutions se sont vautrés sans pitié
Sans jamais nous consulter pour vérifier
Si son existence était confirmé
Reconnu à la naissance par l’humanité
A une certaine heure avancée
Aucune date n’étant précisée
Je valide sa capacité à nous mobiliser
Les profs essaient de le transmettre
Les élèves tentent de ne pas se le faire mettre
Les parents ont du mal à l’admettre
Pour certains ils ne peuvent plus se le permettre
Veuillez vous injecter sa substance
Et maîtriser quelques bienveillances
Essayons de tenir ensemble le cap en cadence
Les élus l’ont planqué dans leurs dossiers
Les hommes l’ont effacé de leur mémoire
Les femmes l’ont transformé en reboire et déboires
Les enfants sont passés à côté de son histoire
La France l’a condamné, elle a peur du miroir
L’Europe a tenté de le mobiliser, mais elle craint le noir
Le Monde essaie en vain de le conjuguer sans vouloir, sans pouvoir
Et moi j’essai de vous en parler pleine d’espoir
Pourquoi tant de monde dans le noir
Qui crève de peur de ne plus y croire
Qui flippe de voir en lui l’espoir
A cause d’une bande de crevard
Il choisit toujours la mauvaise gare
Et saute toujours dans le mauvais train
A cause de ces bandits de grands chemins
Qui promettent de lui tendre la main
En lui jetant au visage de la poudre de perlimpinpin
Pour en finir ils le laissent crever de faim
Ils pourrissent son destin, pour se faire un chemin
Alors moi je lève mon poing, je le traite avec soin
Lui demande de vous tendre la main, de vous montrer le chemin
Histoire de construire ensemble nos lendemains
Voilà je voulais juste vous parler de celui qui accompagne ma vie, le RESPECT.
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SLAMATERRIENNE
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Merci Véro et à bientôt