La mort est belle

La mort est belle, c'est pas moi qui le dis. Je l'ai lu dans un bouquin. Un paragraphe qui m'a impressionné. C'est assez rare de tomber sur un passage qui emporte tout. Une vraie bourrasque émotionnelle. C'est tiré de : "A la vitesse de la lumière" d'un certain Javier Cercas. Un Espagnol. L'histoire d'un jeune espagnol qui doit faire un séjour dans une fac américaine et qui rencontre un "vétéran" du Viet-nam. (curieux mot que ce "vétéran", quand on n'est pas un "héros" de guerre, on est un "vétéran"...). Comme pas mal de "vétérans", Rodney, c'est son p'tit nom, est complètement dézingué du ciboulot. Son pote espingouin tombe sur une lettre écrite par le même Rodney, quand celui-ci faisait encore le soldat en Asie. En voici le contenu. Dézinguant. Première partie.

"Je connais maintenant la vérité de la guerre... La vérité de cette guerre et de n'importe quelle autre, la vérité de toutes les guerres, la vérité que tu connais autant que je la connais et que connaissent tous ceux qui ont fait la guerre, c'est qu'au fond du fond cette guerre n'est pas différente de toutes les autres guerres et qu'au fond du fond la vérité de la guerr est toujours la même. Tout le monde ici connait cette vérité, mais personne n'a le courage de l'admettre. Tous mentent. Moi aussi. Je veux dire que moi aussi je mentais jusqu'à ce que j'aie cessé de le faire, jusqu'à ce que j'aie été dégoûté de mentir, jusqu'à ce le mensonge m'ait dégoûté plus que la mort : le mensonge est sale, la mort est propre. Et c'est justement ça la vérité que tout le monde ici connaît (et tous ceux qui ont fait la guerre) et que personne ne veut admettre. Que tout ça est beau : que la guerre est belle, que la bataille est belle, que la mort est belle. Je ne pense pas seulement à la beauté de la lune qui se lève comme une pièce d'argent dans la nuit suffoquante des rizières, ni aux bandes de sang qu'esquissent dans l'obscurité les balles traçantes, ni au miraculeux instant de silence auxquels certains couchers de soleil ouvrent la voie dans le tumulte incessant de la jungle, ni à ces moments extrêmes où l'homme a l'impression de se dissoudre et que se dissolvent également avec lui sa peur et son angoisse et sa solitude et sa honte pour se fondre avec la honte et la solitude et l'angoisse et la peur de ceux qui l'entourent , quand l'identité s'évapore voluptueusement et qu'on n'est plus personne."

Fin de la première partie. Le reste va suivre.

Champs de thé en Inde. La guerre a toujours le don de saccager les plus beaux paysages.

Comments

[Laudith]

La mort est belle quand elle s'éloigne...

Très intéressant ce blog, je reviendrai.

Bonne fin de journée

[odette]

Mais le texte est beau ! pour l'avoir rencontré plusieurs fois avec les miens, pour cause de guerre, de maladies, d'accidents...etc. l'espoir doit être notre point de lumière. Il y a longtemps que je voulais vous mettre un mot, parce que voyez vous sylvain la première fois que j'ai entendu SLAM, SLAM, je ne savais vraiment pas ce que cela voulait dire ? j'ai demandé à mes petits enfants, qui ceux sont mis à rire, voyez SUPER, MAMIE écoute du slam, ce que je n'ai pas dis c'est l'émotion que j'ai ressenti en encoutant!!! mais toute l'équipe a écouté et nous avons partagé, n'est ce pas le principal ? continuez d'écrire de belles choses pour la septuagenaire dépassée que je suis!!!! parce que je ne sais toujours pas ce que ce mot SLAM, veut dire, mais j'adore!!