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La poésie slam de Sylvainkimouss
La poésie slam de Sylvainkimouss
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23 mars 2007

Ver de terre éternel

C'est l'ami québécois Jacques qui a envoyé ce poème le 22 mars, qui était apparemment la journée mondiale de la poésie. A ce propos : pourquoi une seule journée dans l'année "de la femme", "de l'enfant" ou de la cuisine végétarienne ?

Jacques se démène pour faire vivre le slam à Montreal. Si vous êtes dans les parages, vous savez ce qu'il vous reste à faire...

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Ver de terre éternel

Humains, animaux, fleurs, pommes, chants, baptêmes
il s’adonne que nous sommes tous bourrés
jusqu’aux oreilles
de signes interminables
sur les chemins hallucinés
de nos vies variables

Sacré petit baiseur de vent
qui cascade entre les sapins mouillés
tout seul, recroquevillé
si lent, si grabataire

Tu grelottes dans le cuir de la nuit
sur le qui-vive,
un pêcheur
viendra peut-être te cueillir

Laisses-tu sur le sol des traces de Sioux?
L’instinct du tambour invisible?

Pauvre faux oisif qui roupille dans les grands hôtels tout nus des bois,
vraiment les étoiles te cadastrent
au-delà de la petite touffe de bouleaux blancs qui sifflent
et jusqu'à l'étang bleu noir grimés de grenouilles nostalgiques

et les quenouilles
te font de la peine en se dépouillant
par temps de rage, de couteaux, de pétards sur les roches,
alors que tourne la roue perdue
et que verse le climat dans le purin ignoré des champs

Toi, ver mauve d’anneaux gorgé de pluie, de boue,
de siècles et de siècles
à quoi rimes-tu dans tes corridors
a cappela?

Avec ta gueule de clous
Ton aller simple de mineur souterrain
Ton diplôme sans oeufs que tu accroches aux pierres?

L’obstination, le zézaiement, à peine un zeste de poussière
sur tes restes de viande séchée...

Apprendre à lire sur ta boussole
dans le relief des zigzags de la solitude

Vérifier s’il est vrai qu’à ta vue
le cheval rumine sa bordée de lions
et penche du côté des larmes?

Il faudrait pouvoir tenir
sur la souche
ta langue de gibier circoncis

Remonter la filiation, éviter les groins,
mettre le doigt dans tes yeux
aux accents décuplés de sexe
quand les gosses te découpent en trois

Es-tu seulement né avant l’éternité?

On ne peut toujours bien pas, minus,
t’immoler sur une croix mobile en scissiparité!

Il y a bien sûr la logique de la séduction
l’hameçon... le poisson... l‘homme... l’estomac qui gargouille,

le terreau natal, le retour qui composte...

Tu ne meures donc jamais

Pourquoi n’as-tu pas fondé une religion,
un carquois magnifique pour cette putain de terre?

Il faudrait pouvoir recommencer la mélancolie libre,
quitter la peur de fer forgé qui rouille les secrets des sous-bois

Sortir de ses bottes!

Sortir de sa graine!

Fendre le nombric de la lumière gaspillée!

Comme le jour où la pluie viendra...

Compagnon craché dans la savane des poètes

Sacré petit rêveur de vent translucide
qui cascade entre les sapins verts

Je t’ai vu partir hier comme une fleur
au bec d’une hirondelle

Je chanterai Langevin jusqu’à la tombe
et toi, ver docile m’accompagnant au piano,
tu limeras mes pieds autrement que moi

Petit fraiseur de ritournelles
pourquoi n’as-tu pas inventé la virgule luisante
des zinvers ténébreux ?

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Manitoba

La rivière Manitoba, un autre état canadien. Le pays des rivières fumantes et des moustiques...

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