Planète chagrine
Trop de lisse et pas assez de bosses
Trop de visse et pas assez de cosses
Trop d'artiche et pas assez de traces
Trop de vice et pas assez d'arrache
L'air est viciée, la vice bien vissée, la tête comprimée
La lune est cachée, l'horizon défrisé et la mer refoulée
Les muscles bloqués, le sang coagulé et le nez refait
Trop de boucles et pas assez de route
Trop de croute et pas assez de miche
Trop d'espace et pas assez de cycle
Trop de vide et pas assez de style
Les nuages sont vidés, la forêt dénudée et la ville empaillée
La rivière est séchée, les rochers assoiffés et les champs déridés
La montagne s'est couchée, le désert l'a accompagné et les aigles se sont cachés
Trop de nuit et les étoiles se sont éparpillées
Trop de jour et la route s'est éventrée
Trop de vie et les veines ont tourné
Trop d'envie et la terre a tourné
Les épices se sont affalées, la digestion s'en est retournée, le silence s'est coupé
Les lames se sont aiguisées, les pointes se sont mis à briller, les éclats à scintiller
Il ne restait dans le regard que cette flamme fanée, cet oripeau décharné, ce soleil habité
Au loin les derniers feux se volatilisaient, quelques draps tournoyaient, tout un cimetierre renaissait
Le ciel s'est écarté, les premières lueurs ont percé, la chaleur menaçait
Tous les yeux se fixaient, dévisageaient et envisageaient,
Un seul point qui luisait, comatait et revendiquait
Pas de paroles en l'air, de slogans et défis par terre
Quelques idées, un courant d'air
Une frimousse, un élan, une petite misère,
Tous les êtres réunis s'en remettaient à leurs sphères
Ne restait plus qu'une grande liesse, le plein de vitesse et un tout petit fonds d'ivresse.