Soleil en poussière
Englué dans cet océan de poussière
Je regarde mon navire s'échouer sur les rives de la consolation
Les drapeaux ont perdu leur couleur, sabrés de l'opprobre de la déraison
Et tout en haut, cingle l'écrin glaçant de ce soleil vert perdant sa crinière
La forteresse de mes pensées était inhabitée
Violée, percée, dévastée, il ne restait que des lambeaux de vie hagards de félicité
J'essayais de reprendre le contrôle de ces pyramides résonnantes d'échos et de féminité
Mon fusil tira trois coups salués par quelques colombes en proie au doute et à la nativité
Je sentis la soudaine froideur de la paume de ta main prise de fureur
La menace de tes yeux grandissante implorant mon silence de bastide perdue dans les contrefonds d'un torrent de peur
L'Ethiopienne a un caractère d'amazonienne dont la couleur de peau est un incendie
Capitaine perdu d'une aventure étranglée, je ne peux que m'incliner devant ce déluge d'amertume
Toi que le Ciel a toujours gardé dans ton coeur, ta chevauchée s'accélère à l'infini
Je rends les armes à une guerrière dont le sang couvre l'univers et la force dépasse celle d'une galaxie cerclée d'enclumes
Sur ces rivages incertains d'une mort en doléance, j'écoute le souvenir tendre de tes gestes de vespale
M'innoculant le goût de l'horizon, des plaines interdites, des montagnes sucrées et des cascades de sueur léthales
Ma solitude disparut sur l'autel d'un navire trébuchant, la foi dans les nuages et la force irriguante de la mer en émoi
Si tes yeux remplirent une dernière fois ma peine ancestrale, je me laissais guider par l'abondance de ces nouveaux sens en guerre à l'effroi
Je salue ce monde à nu, je salue ce monde de roches et de chemins hasardeux
Je salue ce monde de m'avoir choisi, entre marais et flancs de collines herbeux
Je rends grâce aux océans sableux, aux fleuves sous-marins, aux montagnes d'argile et aux glaciers incandescents
Je rends grâce à ces sourires d'enfants croisés au petit matin dans ces ports oubliés et si lointains
Je rends grâce à la famille des humains, à leur haine et à ce puits d'étoiles sans fin
Je rends grâce à tous ces visages pétris de folie, à cette arrogance noyée dans un chagrin de mille tourments
Que le vent me plie, que la pluie me porte, que les courants me liquéfient
Que les souvenirs s'oublient, que l'amour resurgit, que la joie me pétrifie,
Je cède à l'obsession de la vie, je donne toute ma déraison
Je ne suis plus qu'une âme bouillante, à vif , le maître de ma passion