100 kilos de déception et de tristesse
Et bien voilà, ce que l'on pressentait et craignait s'est finalement réalisé. Le bar Aux 100 kilos qui fêtait hier soir ses 2 ans de scène ouverte de poésie... a célébré son enterrement ! Un anniversaire en guise de marche funèbre, on a vu mieux. Insultes, menaces, intimidations ont ponctué à intervalles réguliers la soirée... Soirée merdique entre toutes. C'était la dernière dans ce bar que l'on aime bien pourtant. Mais depuis que Cédric, l'ex gérant, est parti, les choses n'ont cessé de s'envenimer. La nouvelle équipe n'ayant de cesse de nous mettre des bâtons dans nos roues, bien aidée par une partie de la clientèle restant au bar et conspuant sans cesse les poètes. Markimoon, un poète et pote, m'a rapporté quelques uns des propos, terrifiants, tenus par ces énergumènes. J'ai eu de la chance de ne pas les entendre sur le moment.
Grâce à ces soirées slam, ce bar a bénéficié d'une bonne pub pendant deux ans. A fait un bon chiffre pendant ces mêmes soirées. Et voilà les remerciements. BAR POUR L'INSTANT A DECONSEILLER !!! Même pour demander son chemin.
On touche ici, pour la 3 567 899 543 345 fois, ce qui manque trop souvent à Paris : des gens simples, généreux, ouverts, marrants. Il y en a, bien sûr, des comme ça. Mais pas légion. Ce qui s'est passé hier soir, je ne l'ai que trop vu ailleurs dans le passé.
Bref, c'est une grosse déception. Mais le monde est assez grand pour se refaire une santé.
Ah oui, une dernière chose. La soirée d'hier était un tournoi. Et une nouvelle fois, mes doutes sur la chose se sont confirmés. Poésie et compétition, c'est pour le moins contradictoire. C'est marrant au début. C'est nouveau pour tout le monde. Et on ne se prend pas trop la tête. Mais las, las, las est de constater que l'aspect performance réduit rapidement la convivialité. Perso, je ne pense plus m'investir dans les tournois. Je préfère clairement les scènes ouvertes où chacun peut s'exprimer sans la contrainte ou la carotte d'une note, d'une récompense. Libre bien sûr à ceux qui veulent "tournoyer" ;-)
Merci du fonds du coeur à tous les poètes qui sont venus dans ce lieu, qui ont fait venir leurs potes et qui nous ont permis de passer de mémorables soirées. On a tout eu aux 100 kilos. Ambiance cosy, ambiance survoltée, on a fait l'arc en ciel des émotions. Le public a souvent été chaleureux, attentif, curieux. Parfois bordélique, mais respectueux ;-)
A ceux qui ont été choqués hier soir, sachez que l'on s'excuse avec Pierkiroule. On vous promet une nouvelle scène comme avant ;-)
Quelques sourires quand même, entre deux prises de tête..
----------------
Le mot de la fin, je le laisse à Xavier, un poète rencontré justement aux 100 kilos il y a deux ans. Lui aussi avait visiblement du mal à avaler un tel gâchis. Xavier dans le texte donc :
----
Bar des 100 Kilos Les 100 kilos Bar des costauds Des lanceurs de mots Des slameurs Des rigolos la télé en bonnet de nuit trouve que les vers font du bruit Les 100 Kilos Le bistro des Rimbauds De la musique de Reno Et des plats chauds Mistigri marmonne à l’étage au bar s’agitent les chats sauvages Les 100 Kilos Resto des bravos Des trémolos Des rapeurs Et des glaçons dans l’apéro Aux 100 kilos les mots se font la belle le quintal met du sel sur leurs ailes Les 100 kilos Le bistro des poivrots Le fiasco des micros L’écho du tonneau Où résonnent les cris du troupeau l’alcool fait le coup de poing la voisine fait le coup de gueule la poésie se retrouve seule et retourne dans ses bouquins Jack à dit silence Et les poètes se sont tus