Baston poétique

John King, suite donc. Pour essayer de vous faire comprendre mon propos de la note précédente : un écrivain baignant dans la violence du hooliganisme anglais et auteur de bouquins renversants sur la vie ordinaire des gens ordinaires d'Angleterre.

La scène se passe dans sud-est de Londres. Tom et ses potes castagneurs vont défier sur leurs terres les supposés voyous les plus teigneux du Royaume désuni. J'ai nommé Millwall. Parenthèse : au cours d'un voyage à Londres en 1988, un pote habitant le quartier m'avait dit : "ne prends jamais le métro un soir de match..."  Et même sans le prendre, le métro, j'avais aperçu dans la rue quelques tronches de ce gang redouté, les "Bushwackers".... Brrrrrrrrr.

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Page 310 : "On se chauffe, et ça va être vilain, à Milwall. Cela dit, on a du respect pour eux, au fonds, quelque part, même si on ne l'avouera jamais, parce que New Cross et Pekham, c'est vraiment le trou du cul de Londres, tout le monde sait ça. Les Bushwackers se sont fait remarquer du bon peuple, depuis des années. Aussi loin qu'on s'en souvienne, les gars de Milwall ont toujours été des cinglés. C'est quelque chose de particulier, un truc dans la tête, une case en moins. Enfin, c'est leur réputation, et ils la méritent, elle est basée sur l'histoire des dockers, depuis un siècle. Un siècle de violence, de mecs dérouillés pour s'être aventurés un peu trop bas au-delà de Old Kent Road.

Leurs pères s'amusaient déjà à courser les visiteurs du côté de Cold Blow Lane, quand on était encore des mômes qui jouaient aux petites voitures, avant qu'ils ne se déplacent vers Senegal Fields, et avant encore, leurs grands-pères donnaient des cours gratuits de surin quand West Ham s'étendait un peu trop loin dans l'Ile aux Chiens, important les mauvaises manières de Poplar et Stepney. Bagarres à coups de couteux, de bouteilles, cavalcades, avant, pendant et après le match. Et tout ça avant même la naissance de mon père. Dans le bon vieux temps, à l'époque ou la Grande-Bretagne régnait sur les marées de toutes les mers du globe, tandis que certains quartiers de Londres étaient une zone interdite pour les flics, les jours fériés, quand les gars du coin se saoulaient la gueule comme on n'imagine plus."

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Voilà un permier aperçu. Je vous conseille bizarrement la lecture en version française. Le traducteur a eu l'excellente idée de faire varier l'argot anglais employé avec nos tonalités à nous, beaucoup plus variées. L'argot anglais est assez limité : "cunts, shit, fuck, bollocks" revenant sans cesse. C'est assez rare pour être mentionné ;-)

Voici également un excellent site dédié au football british, Kick N Rush, réalisé par des Français. On y découvre tous les stades et il y a de bons récits de l'ambiance foot local.